vendredi 12 octobre 2012

Sur la voie verte, le long de la Meuse


Un projet de la compagnie champenoise Le Facteur Théâtre, initié par Didier Lelong : des auteurs écrivent sur l'ancien chemin de halage qui relie Charleville à Givet, dans les Ardennes... Premiers pas sur la voie verte, du 1er au 5 octobre 2012, en compagnie de Natacha de Pontcharra, Emmanuel Schaeffer et Alberto Lombardo.
Premières découvertes, premiers tâtonnements d'écriture...

Prochain rendez-vous : lecture d'extraits lors de la manifestation L'Ete en Automne, le 1er décembre 2012... Puis l'écriture progressive et collective, saison après saison, d'une pièce pour un spectacle qui se jouera le long de la Meuse.

Premier jour, premières lignes d'un premier texte :
"Si vous passez sur la voie verte, à l’endroit où nous étions hier, entre Nouzonville et Joigny (mais passe-t-on deux fois au même endroit, sur ces berges ? Se baigne-t-on deux fois dans le même fleuve ?), pourriez-vous regarder si vous ne trouvez pas, au sol ou sur un banc, le carnet sur lequel j’avais pris quelques notes, et que je ne retrouve plus ?


Un petit carnet blanc, si petit qu’il tomba de ma poche sans que je m’en rendisse compte, si léger que je ne l’entendis pas tomber, si discret que je doute que vous le trouviez (trouvassiez ?), entre deux roseaux, derrière une borne ou une barrière, perdu déjà dans l’entrelacs des rives.

Ce que j’avais noté sur mon carnet, tenter de m’en souvenir. Il me revient des mots, des expressions, liste à la manière d’un pense-bête :
Promo de la semaine : cyclamen extra, amaryllis en pot. (Devanture de fleuriste à Nouzonville). Ce sont d’abord les mots des panneaux, des pancartes, que j’ai notés, les mots écrits dans le paysage, ainsi ceux de l’usine « Bertin Mandal », et en-dessous quelques caractères à demi effacés qui formèrent, il y a long, le mot bateliers. Et sans doute aurais-je dû commencer par le mot de Malheur qui me revient maintenant, aperçu sur un set de table au café de la gare, ce matin, entre les tasses et les sous-bocks, marque de bière à ce qu’a dit la patronne, et ces mots qui résonnèrent un instant dans ma tête : «Patronne : une Malheur !», tandis qu’au comptoir, ça écluse.

Plus loin : Manœuvres interdites en l’absence d’homme-trafic. Dans Nouzonville, toujours.

Homme-trafic, ça me plaît bien, on imagine un éclusier, peut-être en verrons-nous un le long de la voie verte, à moins que ce ne soit nous, les hommes-trafic, c’est quoi le trafic, ici, trafic fluvial sur voie navigable, qu’est-ce qu’on trafique, à 5 kilomètres de la frontière (et le panneau Belgique entraperçu dans Gespunsart, tantôt, rare de voir écrit un pays à la manière d’une ville), ça trafique forcément, alors que le tabac, aujourd’hui justement, a encore augmenté d’une dizaine de pourcents".

(A suivre.../...). Lecture publique le samedi 1er décembre à 18h à la salle des fêtes de Gespunsart (08) dans le cadre de "L'Ete en Automne".


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